jeudi 31 mai 2012

Afrique : Etions-nous prêts pour la démocratie ?


A la lumière d’une part des récents évènements sur le continent noir et d’autre part de la situation économique actuelle des pays d’Afrique, j’en viens à me demander si on était réellement prêts pour ce régime  de gestion assez libérale.
         En effet, loin d’admettre les régimes autoritaires et dictatoriaux, il faut admettre que la démocratie répond néanmoins à certaines contraintes.
         Essayons d’abord de vérifier d’un point de vue conceptuel si nos pays sont réellement démocratiques. Selon Encarta, la démocratie est un régime politique fondé sur la souveraineté des citoyens élisant librement leurs représentants ou encore un système fondé sur la liberté et l’égalité de chacun.
Est-ce le cas en Afrique ?
Je ne pense pas car est-ce qu’une élection peut être considérée de libre quand les hommes politiques achètent ignoblement les voix des électeurs avec les pots de vins ou bénéficient tout simplement de préférence ethnique  pour accéder aux pouvoirs ? Une élection truffée de fraudes massives du fait de la faible informatisation des outils électoraux est-elle libre et transparente ? Je n’en suis pas certaine. Autre aspect de cette définition, la souveraineté des citoyens. Dans les modèles démocratiques occidentales, les citoyens élisent leurs représentants sur la base d’un projet de société cohérent et répondant à leurs aspirations. En Afrique, où les populations sont majoritairement analphabètes, ceci n’est pas un facteur déterminant. Aussi, il n’est plus à démontrer qu’au cours des campagnes électorales, les populations des campagnes ont droit à un discours fade et mensongers bien différents de ceux des zones urbaines alors le principe de l’égalité est- elle respectée ? Non, nous n’étions pas prêts pour la démocratie.
Nous pouvons donc affirmer que les élections en Afrique n’émanent pas du peuple d’où la difficulté des dirigeants à accepter plus tard le contrôle de ce peuple.
Pour d’autres penseurs, la démocratie est  « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
En réalité, il ne s’agit aucunement du peuple qui se gouverne en Afrique mais plutôt d’une élite bien loin des situations miséreuses de la population  ou encore de personnes entourés de décideurs hautement placés au sommet de l’Etat. Vous me direz certainement que cela se passe ainsi partout et je vous répondrais que sous d’autres cieux, ces derniers ont le mérite d’être compétent.
Ancrée dans nos traditions et ayant hérité de schémas culturelles dispersés, les dirigeants de nos peuples gouvernent d’abord pour les leurs au détriment des intérêts collectifs. Résultat : les riches sont encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Comme c’est aujourd’hui le cas en Afrique du Sud où l’inégalité économique est bien plus aisément politisées et ethnicisées. D’ailleurs, dans plusieurs Etats d’Afrique noir, on constate très clairement que depuis des décennies, le pouvoir n’appartient qu’à une région.
Il ne s’agit donc que d’une démocratie caricaturée.
Lorsque l’ancien président Congolais Pascal Lissouba affirme, « on n’organise pas les élections pour les perdre », on peut vite en déduire que les dirigeants africains n’entendent pas laisser le pouvoir une fois qui l’ont conquis de manière peu « démocratiques ». Je pus donc affirmer que le concept est d’ores et déjà très mal compris par nos présidents. Les exemples maliens et Sénégalais sont très exhaustifs.
La démocratie est donc un échec en Afrique !
Revenons maintenant sur les raisons de cet échec.
Aussi surprenant soit-il, on ne saurait aujourd’hui parler de démocratie en Afrique sans dire qu’il s’agit d’un héritage d’anciennes puissances coloniales  donc perçue de la sorte par les Africains eux-mêmes. Sa mise en œuvre effective est alors conditionnée, au moins en partie, par des antécédents, aussi peu encourageants soient-ils. Cette question historique méritait donc d’être soulevée avant toute application du régime.
Il faut aussi ajouter qu’en Afrique, il  y a une adéquation parfaite entre appartenance ethnique et adhésion politique.
Sur le plan économique, avec un taux de croissance assez faible et un développement au ralenti, le caractère indépendantiste de la démocratie favorise le laxisme et la paresse des populations en général et de la main d’œuvre active en particulier. En conséquence, il est possible que  cette étape ait un peu trop vite été franchie du fait de notre positionnement économique.
Il faut  donc non seulement  une redéfinition du principe démocratique mais aussi des pratiques économiques de 1’État, encore qu’elle puisse de toute évidence être contrariée par la mise en œuvre d’une stratégie de véritable accumulation primitive, reposant sur l’intensification de la production et non plus seulement sur l’exploitation de diverses rentes minières, agricoles, humanitaires ou diplomatiques, et impliquant à ce titre une pression politique autoritaire en vue de la réussite de l’ajustement structurel.
Les détenteurs du pouvoir politique devraient arrêter d’utiliser  leurs positions dans l’appareil de 1’Etat pour prendre le contrôle de secteurs importants de l’économie, en leur nom personnel ou par l’intermédiaire de leur réseau de parenté ou de clients.

1 commentaire:

  1. Vrai sur un point de vue litteraire. C'est des faits que nous vivons tous. Mais il y a un point que tu as omis d'aborder. La reaction du peuple face a notre "democratie".

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