Après
avoir très clairement signifié sa volonté de modifier la constitution béninoise
et s’être octroyé lors du dernier remaniement le portefeuille de ministre de la
défense, l’homme du changement comme il se définit peut bien être à l’origine
d’une importante crise sociale dans le pays.
En effet, après avoir été
plébiscité par l’ensemble des béninois pour un second mandat, le président de
la République a rassuré le peuple qu’il ne modifiera aucune dispositions
constitutionnelles à part celles jugées caduques par l’ensemble de la classe
politique. Cependant, après quelques mois d’exercice, plusieurs sources fiables
et proches du chef de l’Etat nous confirme que le patron de la majorité
présidentielle désire bel et bien réviser la constitution notamment les
articles se rapportant à la durée du mandat et aux conditions de révision de
celle-ci. D’après nos sources, le président aurait consulté les présidents des
grandes institutions de la république acquis à sa cause et cette question
diviserait même la mouvance présidentielle. Car
d’autres ambitions futures sont menacées. Ainsi, jusqu’où irait le
président de la république pour atteindre son objectif malgré les
nombreuses résistances aussi bien de la classe politique que de la société civile ? La question
reste posée.
Par ailleurs, nous pouvons
affirmer que la prochaine campagne cotonnière est dangereusement en péril. Parce
qu’une fois encore, Yayi fait preuve de mauvaise foi envers les opérateurs
économiques qui acceptent d’investir dans leur pays malgré les conditions
difficiles.
En effet, suite aux hommes d’affaire
Sefou Fagbohoun et Ajavon Sébastien, le président se sent à nouveau menacer par Patrice Talon. Coïncidence
ou preuve que le président désire plomber le secteur privé qui engorge
aujourd’hui une grande partie de la
population active ?
Ce dernier, rappelons-le est la troisième fortune active du
pays avec un investissement sur fonds
propres de 17 milliards de francs cfa dans l’économie béninoise.
Après, une entente cordiale entre les deux hommes, rien ne
laissait présager donc que le chef de l’état
par des décisions unilatérales remettra en cause le contrat concernant le PVI qui le lie à l’opérateur
économique alors que ce dernier en avait obtenu la mise en œuvre suite à un
appel d’offre international. Aussi se trouvant au bord du gouffre car convaincu
de devoir verser une grosse somme d’argent pour la cessation des activités de
Bénin Control à Patrice Talon, le Chef de L’Etat décide d’une garde à vue
arbitraire de ce dernier dans des
conditions illégales pour son rôle dans le dossier relatif à la fourniture
d’intrants agricole alors qu’il avait
lui-même délégué une commission internationale pour faire la lumière sur ce
dossier. Car, il est certain qu’une personnalité de ce rang ne peut être
retenue au commissariat de police si le premier magistrat de la république n’en
est pas informé.
Revenons un peu constater les incohérences de ce dossier
d’intrants agricoles et les probables lourdes conséquences de cette
arrestation.
Au début de l’affaire,
une polémique a été engagée par le ministère de l’agriculture autour de la quantité de coton produite au
cours de la campagne écoulée. La procédure de sélection des fournisseurs d’intrants pour la campagne a été plusieurs
fois reportée. Conséquence, en fin du mois d’avril,
les intrants ne sont pas toujours disponibles alors que les pluies ont
commencé. Pour trouver une solution à la situation, le conseil des ministres a
décidé de l’arrivée
d’une commission de l’Uemoa dont la mission est encore en cours
car il s’avèrerait que les producteurs de l’or blanc ont été simplement grugés par les
fournisseurs d’intrants agricoles au nombre desquelles Reckia Madougou et
Sakinatou Alfa Orou Sidi, elles aussi distributrices et importatrices d’intrants coton au même titre que P.Talon et
M.Adjovi mais qui n’ont nullement été arrêtées.
Ceci prouve donc
d’ors et déjà un acharnement politique
sur les deux hommes car comment expliquer que ces agitations du pouvoir
interviennent à un moment où le projet de révision de la constitution du Chef
de l’Etat n’a pas encore eu un soutien de taille.
Aujourd’hui, grâce à
une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs de la filière coton au
tribunal de Cotonou, monsieur Patrice Talon a été libéré, aucune charge étant
retenue contre sa personne. Yayi n’espérait certainement pas ce revirement de
situation mais comme l’on dit plusieurs personnes, on ne s’attaque pas à tout
le monde de la même façon car il s’agissait d’un homme très influent et de
milliers d’emplois menacés.
In fine, rappelons que de tels agissements du régime en
place ne favorisent pas la stabilité sociale. De plus, avec la situation
difficile des caisses de l’Etat, ceci compromet sans nul doute les recettes
issues de la filière coton.